2. Surveiller les controverses qui monte 2. Surveiller les controverses qui montent
Le projet Accept pour « Acceptabilité des élevages par la société en France » éclaire les éleveurs sur les exigences de la société.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Depuis 2013, économistes et sociologues tentent d’aller à la racine des controverses qui émergent autour de l’élevage. Sentant monter les exigences des consommateurs et plus encore celles des associations de défense animale autour des questions de bien-être animal, la profession agricole (1) a mis sur les rails le projet Accept (2013-2017). Ils ont recensé et analysé les controverses qui se développent.
Impératifs biologiques
Christine Roguet, qui a participé au projet au nom de l’Ifip (2), souligne les attentes récurrentes des associations welfaristes et d’une part croissante du grand public. « Pour éviter d’être dépossédé des réglementations futures, mieux vaut les écouter. Même si ce n’est pas toujours simple », reconnaît-elle. Les professionnels ont tendance à reprocher aux associations welfaristes leurs campagnes contre certaines pratiques (comme la fin des cages), eux qui appliquent au mieux la réglementation sur le bien-être animal.
Christine Roguet liste les pratiques qui sont l’objet de débats : « Le public discute de la taille des élevages. Il attend que l’on offre aux animaux des conditions conformes à leurs impératifs biologiques. Cela se traduit par différents souhaits : offrir un accès à l’air libre à tous les animaux. Pour les granivores, cela peut être des courettes ou du plein air. Pour les herbivores, il s’agit de pâturage. Il existe aussi une demande de réduction de la contention pour les truies en maternité ou pour les vaches en étables entravées. Dans les bâtiments, les associations réclament davantage de « distraction », des matériaux manipulables, une structuration des cases en zones (alimentation, repos, déjection). Enfin, la réduction de la douleur doit être accentuée par sa prise en charge par analgésie et anesthésie. Les associations réclament l’arrêt des pratiques douloureuses : coupe de la queue, castration à vif, écornage, épointage du bec.
La filière travaille déjà ces questions, avec des dates buttoirs, par exemple 2018 pour la castration. « Le mode de transport des animaux vivants est mis en cause aussi à la fois sur les conditions et la durée. Enfin, l’interdiction de la mise à mort des animaux gestants (dernier tiers de gestation chez les vaches) est attendue. »
Être entendus
Les arguments des éleveurs sont peu audibles. « Dire « j’aime mes animaux » ne suffit pas. Assurer que l’on respecte toutes les réglementations ne rassure pas plus les consommateurs. Les normes ne garantissent pas le compromis social. Il faut aussi montrer que l’on n’est pas sourd aux demandes qui s’expriment. Sans se demander si ceux qui les expriment sont vraiment représentatifs. »
Lors de ce projet Accept, des travaux ont été conduits par la chambre d’agriculture de Bretagne sur les cas de conflits locaux. La qualité des relations entre l’éleveur et son voisinage limite les risques. « Chaque éleveur doit veiller à avoir une bonne insertion locale », prévient Christine Roguet, qui conclut : « Nous devons continuer les recherches pour entendre et comprendre les véritables demandes de société. Si nous prenons l’exemple des cages, le public n’attendait pas qu’elles soient plus confortables, comme les éleveurs l’ont cru lors de la précédente mise aux normes, mais qu’elles soient supprimées. Pour ne pas se voir imposer les évolutions par les industriels et distributeurs ou les pouvoirs publics, les éleveurs devront proposer des évolutions des modes d’élevage, concevoir les cahiers des charges et chiffrer le surcoût. » Un site regroupe toutes ces recherches (3).
L’étude d’Accept va se poursuivre jusqu’à fin 2017. Une nécessité pour les éleveurs, quand on voit monter toujours plus de controverses, en particulier à propos de la mort des animaux.
(1) Itavi, Idèle, Ifip, université Rennes 2, Agrocampus, Inra, Crab, Trame, UGPVB, Legta Brioude, Le Rheu.
(2) Mènent cette étude : Elsa Delanoue, doctorante en sociologie (université Rennes 2 - Ita), Christine Roguet (Ifip), Delphine Neumeister (Idele), Pascale Magdelaine (Itavi), Anne-Charlotte Dockès (Idele).
[summary id = "10022"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :